Lors du « Burgplatz Open Air » de Braunschweig, la production du « Troubadour » par Jan Eßinger intègre joliment l’ambiance médiévale des lieux. Les chœurs brillent même sans amplification acoustique, et les chanteurs* créent un certain effet dramatique, surtout vers la fin.
Dans son interprétation pour le Staatstheater, Eßinger présente le « Trovatore » de Verdi comme un jeu de caractères opposés. Pour le cercle de l’arène devant le monument aux lions de Brunswick, Marc Weeger a utilisé beaucoup de gravure sur bois pour le fond de la scène, sur lequel trois plateaux tournants inclinés offrent une plateforme instable aux protagonistes.
Cette réduction fait du bien à l’intrigue générale, vaste et compliquée, qui traite de l’usurpation du pouvoir, de la révolte et de la guerre civile dans l’Espagne du XVe siècle, même si l’ambition politique de Verdi passe ainsi à l’arrière-plan. Celui-ci avait soutenu le Risorgimento dans l’Italie du XIXe siècle, et dans le « Trovatore », l’aspect de la lutte pour l’indépendance pourrait très bien et de manière justifiée être au centre d’une interprétation de la mise en scène.
Mais sur la place du château, la politique est laissée de côté : La relation triangulaire entre Leonora, Manrico et le Comte Luna est au centre de l’attention. Manrico et Luna sont des adversaires unis dans leur opposition, car Natascha Maraval a confectionné des costumes identiques pour les deux frères ennemis, qui se distinguent par leur couleur complémentaire. Le drame est complété et potentialisé par le rôle tragique d’Azucena. Et là aussi, il est logique que la mise en scène se concentre sur le sentiment et l’humanité face à la mort imminente sur le bûcher.
Car à ce moment-là, la musique de Verdi va elle aussi en profondeur, alors qu’auparavant, ce sont souvent les effets superficiels des airs et des passages de chœur qui prédominent. Dans le final, Eßinger laisse les protagonistes seuls sur le plateau tournant, au-dessus du sol en bois désormais percé de vaisseaux sanguins rouges. Le lion de Brunswick est illuminé en rouge et le sang coule sur un mur blanc derrière lui.
Un contraste comme le jour et la nuit : si, jusqu’à l’entracte sous un soleil radieux, le décor paraissait inégal et inachevé dans une légère construction en bois, après l’interruption, l’obscurité plonge le décor dans l’ambiance adéquate.
C’est surtout l’intégration de l’environnement médiéval qui convainc : au jeu d’orgue de l’orchestre, la cathédrale adjacente s’illumine en rouge et le troubadour incarcéré Manrico chante depuis le château de Dankwarderode, éclairé en rouge de l’extérieur. Kwonsoo Jeon chante le rôle-titre avec un ténor stable et expressif. Bien fondé dans les graves et à l’intonation sûre jusque dans les aigus, ses débuts dans le rôle sont très convaincants.
Les chœurs (préparés par Georg Menskes et Johanna Motter) sont utilisés de manière particulièrement plastique et variable. Utilisés tantôt de l’extérieur, tantôt de l’intérieur, tantôt depuis les rangs des spectateurs, ils constituent un banc solide et un pilier de cette première soirée. Matija Meić incarne un Comte Luna qui, justement par la représentation naturelle de la colère, de la jalousie et du désir de vengeance, confère au rôle une malignité particulière grâce à son baryton rond et chaleureux. Leonora est interprétée par Cristiana Oliveira dans un registre dramatique intense, tandis que les passages lyriques dans un piano délicat sont très nuancés.
Nora Sourouzian convainc dans le rôle d’Azucena, tant sur le plan théâtral que vocal, avec la grande expressivité de son mezzo bien mené. Dans les autres rôles, Isabel Stüber Malagamba (Ines), avec son mezzo clair comme une cloche, et Rainer Mesecke (Ferrando), avec sa basse sombre, sont bien distribués.
Srba Dinić, au pupitre de l’Orchestre d’État de Braunschweig, soutient et accompagne l’ensemble des chanteurs* avec attention et précision. À la fin, applaudissements enthousiastes pour tous les participants.